Compliance,
de Craig Zobel (2012).
Voilà un film fort peu aimable et
cependant d’excellente qualité, qui transforme le spectateur plus que jamais en
voyeur et lui jette en pâture un drame tout à la fois insupportable et
banal --
et que sa banalité même rend d’autant plus insupportable. On se surprend
ici à vouloir apostropher les acteurs, ou plutôt les personnages qu’ils
incarnent tous de façon remarquable, voire à quitter la salle en cours de
projection tant le malaise qu’on ressent est profond. C’est dire la force d’un
film qui repose en partie sur la célèbre expérience du psychologue Stanley
Milgram mettant en lumière les ravages de l’obéissance aux ordres et de la
soumission à l’autorité[1].
Il arrive même que l’on doute parfois d’une histoire dont on nous assure
pourtant (formule irritante mais ici justifiée) qu’elle est inspirée de faits
réels --
et qu’elle s’est même répétée à plusieurs reprises à travers le
territoire des Etats-Unis.