Cosmopolis,
de David Cronenberg (2012).
Les lecteurs du roman de Don DeLillo
un tant soit peu familiers avec l’univers de David Cronenberg ne s’étonneront
guère de voir celui-ci s’attaquer aujourd’hui à l’adaptation cinématographique
de celui-là. On sait que le cinéaste aime à se confronter à des romans réputés
difficilement adaptables, du Festin nu,
de William Burroughs au Crash de
James G. Ballard en passant par le Spider
de Patrick McGrath -- et Cosmopolis,
roman aussi étrange qu’inclassable mais constamment au bord du malaise et nimbé
d’une étrange lumière onirico-fantastique, ne pouvait que retenir son attention
et stimuler son imagination. Mélange de sexe et de mort dans un univers en
décomposition, déchaînement d’une violence dont l’exposition de corps malmenés
est la manifestation la plus tangible, omniprésence d’un monde virtuel où
informer revient à surveiller et qui impose son envahissante présence, analyse
enfin d’une psyché brisée dont les débris s’éparpillent sous le regard glacé
d’un créateur, écrivain ou cinéaste, qui donne à voir davantage qu’il ne juge
mais porte en lui la condamnation de son objet
-- autant de fils rouges dont
Cronenberg ne pouvait pas ne pas s’emparer.