Passion,
de Brian De Palma (2012).
Il est curieux, révélateur et
singulièrement stimulant de voir à quelques jours d’intervalle seulement le biopic de Sacha Gervasi, Hitchcock , film rien moins que médiocre
où l’immense cinéaste que l’on sait n’est là qu’à titre purement anecdotique,
et le remake de Crime d’amour, d’Alain Corneau (2010), que propose Brian De Palma,
cinéaste qui, lui, a parfaitement su intégrer une forte influence
hitchcockienne à l’univers qui est le sien et que l’on retrouve ici intact.
Contrairement à ce qu’on lui reprocha jadis, c'est-à-dire de n’être rien
d’autre qu’un vulgaire clone d’Hitchcock, il ne s’est jamais agi pour lui de
plagier platement le réalisateur de Vertigo
(Sueurs froides, 1958) et de Psycho (Psychose, 1960) mais au contraire de comprendre, d’intégrer et
finalement de dissoudre la leçon du maître à l’intérieur d’une thématique et
d’une forme l’une et l’autre originales et difficilement réductibles à un
simple exercice d’imitation, sinon d’admiration. Passion n’échappe pas à la règle, où De Palma, en dépit de son exil
européen (le film est une coproduction franco-allemande), revient avec panache
et non sans une certaine insolence un peu bravache sur ses vieux démons, ceux
qu’illustrèrent ses grands films des années 70
-- voyeurisme, gémellité,
érotisme inquiétant, fragmentation du regard et de l’esprit, mise en abyme.