Anna
Karénine (Anna
Karenina), de Joe Wright (2012).
Curieux cinéaste que Joe Wright, qui
ne semble vraiment à son aise qu’en se
colletant avec une matière romanesque connue et reconnue, souvent difficilement
abordable, mais qu’il parvient cependant à dominer avec la complicité de
scénaristes particulièrement inspirés. Aussi laissera-t-on de côté, comme
toujours sous bénéfice d’inventaire, Le
Soliste (The Soloist, 2009),
décevante escapade américaine, et Hanna
(2001), thriller de peu d’intérêt à mi-chemin de la Nikita de Luc Besson et de la saga Jason Bourne, pour mieux rappeler les réussites que furent Orgueil et préjugés (Pride and Prejudice, 2005) et plus
encore Reviens-moi (Atonement, 2007) dont le scénario
virtuose de Christopher Hampton adaptait
un roman de Ian McEwan pourtant réputé inadaptable. De même qu’avec Orgueil et préjugés on pouvait
légitimement s’interroger sur l’opportunité d’une énième adaptation de Jane
Austin (encore que le succès de Raison et
sentiments/Sense and Sensibility de Ang Lee avait en quelque sorte ouvert
la voie dix ans auparavant), il n’est pas déplacé de se demander, comme pour Thérèse Desqueyroux il y a peu, ce que
le roman de Tolstoï a encore à nous dire et comment donc un cinéaste de la
jeune génération (Wright a tout juste quarante ans) peut se l’approprier
aujourd’hui.