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8 septembre 2012

Une noirceur "couleur de néant".


Killer Joe, de William Friedkin (2011).

            William Friedkin est un cinéaste un peu à part dans le cinéma américain contemporain. Né en 1935, il n’appartient pas à la génération légèrement plus âgée  des réalisateurs venus de la télévision (même s’il y a fait ses premières armes), mais  pas non plus tout à fait à celle qui l’a suivie et qu’on appelle un peu fallacieusement le « Nouvel Hollywood ». Cinéaste inclassable et à la carrière atypique, il a connu une notoriété aussi brutale qu’éphémère avec French Connection  (The French Connection, 1971) et L’Exorciste (The Exorcist, 1973)[1], deux films aussi juteux financièrement que douteux cinématographiquement  --  L’Exorciste tout particulièrement. L’indiscutable savoir-faire du cinéaste s’y diluait dans un brio racoleur avec la volonté cyniquement affichée d’assommer le spectateur en lui en mettant plein la gueule. Mais le soufflé est vite retombé et Friedkin n’a ensuite guère cessé de décevoir  --  à l’exception de The Brinks Job (Têtes vides cherchent coffres pleins, 1978), pochade plaisante dans sa modestie même, et sans doute faudrait-il revoir Cruising (La Chasse, 1980) dont le sujet (un policier infiltre la communauté homosexuelle S.M. pour démasquer un criminel) lui valut un (relatif) succès de scandale. Mais, c’est bien connu, il ne faut jamais frapper un homme à terre, il peut toujours se relever, et il semble bien qu’aujourd’hui, à plus de soixante-dix ans, peut-être grâce à son compagnonnage avec le dramaturge Tracy Letts, il soit parvenu à se remettre en selle et à relancer sa carrière avec deux indiscutables réussites, Bug en 2006 et Killer Joe aujourd’hui.