Des
saumons dans le désert (Salmon
Fishing in the Yemen), de Lasse Hallström (2012).
Il y a depuis longtemps dans le
cinéma britannique, avec le risque de simplification que suppose ce type
d’approche, deux voies bien distinctes, presque antagonistes. L’une qui se veut
un cinéma du quotidien, réaliste, volontiers rugueux et peu aimable, héritier
des « jeunes gens en colère » et du free cinema au tournant des années 50 et 60[1]
et qui trouve peut-être son origine dans la grande école documentariste des
années trente dont John Grierson fut le chef de file -- je
placerai dans cette catégorie, et en dépit de leurs différences, le cinéma de
Mike Leigh ou de Ken Loach, bien sûr, mais aussi plus récemment Harry Brown, de Dominic Barber (2010),
ou Tyrannausor , de Paddy Considine
(2011), sans parler de tout un courant du film noir illustré notamment par Mike
Hodges ; l’autre, situé à l’opposé, qui joue la carte d’un professionnalisme
parfois à la limite de l’académisme, agréable et cosy en toutes circonstances, fort de cette british touch qui lui donne ici et là un parfum suranné. Des saumons dans le désert appartient
d’évidence à la seconde catégorie, des films qui généralement ne bénéficient
guère de l’indulgence de la critique, mais que l’on va voir un peu en fraude en
se promettant cependant de délicieux plaisirs coupables.