Sur deux films muets de John Ford.
La Cinémathèque française vient de proposer la projection du film de John Ford Trois sublimes canailles (Three Bad Men, 1926), un de ses nombreux westerns muets, et sans doute l’un de ses meilleurs avec Le Cheval de fer (The Iron Horse), réalisé deux ans plus tôt. On y découvre un cinéaste déjà en pleine possession de ses moyens et pour qui l’art de la mise en scène tient moins à la composition du plan qu’à l’énergie qui le traverse. Ce n’est pas tant l’organisation de l’espace lui-même qui compte pour lui (encore qu’elle ne soit pas absente de ses préoccupations) que l’organisation de l’action au sein de cet espace, le jeu des corps et le mouvement des masses, enfin l’extrême vigueur du rythme qu’il imprime à son récit. Un art plus technique qu’esthétique, et qui paraît sans doute moins abouti que celui, en tous points admirable, du cinéma allemand de la même époque, mais qui définit ce qui deviendra rapidement l’essence même du grand cinéma américain de l’âge classique.