Skyfall,
de Sam Mendes (2012).
Difficile d’ignorer, la nouvelle ayant
été répandue à grand renfort de trompe, que James Bond est aujourd’hui, au
cinéma[1],
un fringant quinquagénaire. Fringant ? C’est à voir tant, pour le nouvel establishment de la sécurité, il semble
faire partie de ces objets obsolètes mais éventuellement attendrissants, car
chargés de souvenirs, qu’on range à jamais dans les greniers de l’Histoire.
L’affaire se veut donc entendue : face aux Jason Bourne et autres agents
mutants et dopés au tout numérique, face à ces petits génies de l’informatique
capables de semer mort et destruction en pressant d’un index désinvolte sur une
touche de clavier, le vieux 007 ne fait apparemment plus le poids. N’échoue-t-il
pas lamentablement aux différents tests qu’on lui impose, ne reprenant du
service que par protection -- merci M (Judi Dench), devenue pour le coup une
curieuse maman de substitution. Il s’agissait donc de donner une seconde
jeunesse à notre cher Bond en lui faisant paradoxalement suivre une cure de
cinéma à l’ancienne. Ce que comprenant, les producteurs ont décidé avec
intelligence de faire appel à un metteur en scène de qualité qu’on n’imaginait
guère voir embarquer un jour sur une semblable galère -- ou
plutôt sur un galion aussi vénérable. Opération en tous points réussie,
disons-le tout net, et au-delà même de ce que l’on pouvait espérer.