Réédition de The Dark Corner (L’Impasse tragique), de Henry Hathaway (1946).
Un peu à la façon d’un William
Wellman et de quelques autres, Henry Hathaway (1898-1985) a toujours été
considéré comme un cinéaste de second rang, homme à tout faire d’un studio (la
Paramount d’abord puis la Fox dans les années 40 et 50), passant sans
barguigner d’un western à un film noir (deux genres auxquels il a beaucoup
sacrifié, et souvent avec bonheur) ou d’une aventure exotique (Les Trois Lanciers du Bengale/Lives of a
Bengal Lancer, 1935) à une élégie romantique qui enchantait André Breton et
les surréalistes (Peter Ibbetson,
1935). Il n’a guère bénéficié de l’attention de la cinéphilie française des
années 50 (contrairement à un Hitchcock, un Hawks ou un Ford), et il est exact
qu’en dépit des efforts méritoires d’un Bertrand Tavernier[1],
le train de la renommée l’a laissé sur le quai. Les soixante-quatre films qu’il
a réalisés entre 1932 et 1974 ne comptent assurément pas que des chefs d’œuvre,
très loin de là : il acceptait tout ce qu’on lui proposait à la façon,
comme l’écrit joliment Tavernier, « d’un mécanicien à qui l’on confie des
pièces séparées et qui tente de les assembler »[2],
s’efforçant toujours d’améliorer le matériau d’origine par des trouvailles ou
des expérimentations. Citons (un peu arbitrairement) deux films qui illustrent
bien sa manière : From Hell to Texas
(La Fureur des hommes, 1958[3])
pour le western et, pour le film noir, Kiss
of Death (Le Carrefour de la mort,
1947). Sans négliger, dans le même genre mais dans une approche plus hybride, The Dark Corner (L’Impasse tragique, 1946), que le Studio Action de la rue Christine
réédite aujourd’hui dans une belle copie neuve.