Réédition de Heavens’s Gate (La Porte du Paradis), de Michael Cimino (1980).
Il y a des films, réputés maudits,
que la cinéphilie élève, parfois à tort, d’autres fois à raison, au rang de
saints et de martyrs, au nom de la liberté sacrée de l’artiste et contre la
tyrannie des producteurs et des financiers. Heaven’s
Gate est, à l’évidence, de ceux-là, qui défraya la chronique au tournant
des années 70 et 80. On se souvient peut-être des péripéties d’une saga à
l’échelle hollywoodienne : un tournage traînant en longueur, un budget
initial dépassé dans des proportions gigantesques, une sortie catastrophique
tant du point de vue public que critique, le film (d’une durée initiale de 219
minutes) retiré de l’affiche après une semaine d’exploitation, remonté et
ramené par le cinéaste lui-même à 151 minutes, puis de nouveau présenté à la presse
et au public -- sans plus de succès que la première fois. Le
tout débouchant sur l’une de ces crises de confiance qui secouent
périodiquement l’industrie cinématographique américaine et liée cette fois aux
insurmontables difficultés de trésorerie des Artistes Associés que le film
entraîna dans sa chute.