Cloud
Atlas, de Tom Tykwer, Lana et Andy Wachowski
(2013).
Difficile, à l’instant d’aborder Cloud Atlas, le film, de ne pas évoquer,
ne serait-ce qu’en quelques lignes, « Cloud Atlas », le roman de
David Mitchell[1] --
œuvre que l’on pouvait à bon droit (et l’auteur lui-même le tout
premier) juger inadaptable au cinéma. Ce pavé de plus de six cents pages se
compose de six histoires échelonnées dans le temps entre le milieu du XIXème
siècle et un lointain avenir post-apocalyptique et organisées selon un schéma
que l’on pourrait qualifier de pyramidal (A-B-C-D-E-F-E-D-C-B-A), la partie
post-apocalyptique (F) formant le sommet de la pyramide en même temps que le
pivot du récit et donc étant la seule à ne pas être coupée en deux. Chaque
histoire est en apparence indépendante des autres, reliées seulement par des
correspondances qui finissent par former une trame souterraine en forme de
philosophie mystico-simplette du genre : nous, les humains, formons une
chaîne ininterrompue dans le temps et l’espace, chacun trouvant sans cesse une
réincarnation plus ou moins achevée. Tout cela écrit et composé de façon
brillante et représentant une sorte de tour de force littéraire où chaque récit
bénéficie d’un ton et d’un style différent. Un tour de force trahissant certes
une plume habile mais qui, à l’arrivée, laisse le lecteur sur sa faim :
tout ça pour ça et à quoi bon tant de talent (et de pages) pour un fond aussi
creux ?