Superstar,
de Xavier Giannoli (2012).
Imaginez qu’un Grégoire Samsa
d’aujourd’hui se réveille un matin métamorphosé non pas en un repoussant
cancrelat mais au contraire en une sorte d’idole adulée du public et poursuivie
par micros et caméras, et vous obtiendrez les prémices de la fable kafkaïenne
que développe Xavier Giannoli dans son dernier film, Superstar.
C’est donc l’histoire d’un Martin
quelconque, ici Kazinski mais le nom ne fait rien à l’affaire, homme modeste et
perdu dans la masse des anonymes que nous sommes, qui vit dans son coin sans
rien demander à personne sinon de demeurer ignoré du monde, et qui devient
célèbre du jour au lendemain. Avec son physique passe-partout, Kad Merad
incarne à merveille ce personnage transparent qu’on pourrait qualifier, en
paraphrasant Alexandre Vialatte, de « pull-over habité ». Comment et
pourquoi en est-il arrivé là, on ne le saura pas, mais des pistes sont lancées
(car, comme à tout, il y a bien une origine),
qui toutes partent d’internet, cette toile d’araignée virtuelle au centre de
laquelle se débat sous nos yeux incrédules et bientôt horrifiés un quidam
emporté par les débordements d’une époque qui tourne décidément très mal.